Le nom de Côte Saint-Luc est sans doute presque aussi ancien que l’établissement de Ville-Marie. Il est en tout cas antérieur au dernier tiers du XVIIe siècle. À cette époque, il apparait en effet sur le « terrier » des Seigneurs de l’île de Montréal, où l’on peut voir le « Côteau Saint-Pierre » (devenu depuis Notre-Dame-de Grâces), limité au nord-ouest par la « Côte Saint-Luc », au nord-est par la « Côte-des-Neiges ».

La montée qui accédait par le nord-ouest au Côteau Saint-Pierre – lequel était d’ailleurs plus exactement un plateau – explique le nom de « Côte ». Mais en ce qui concerne le vocable de « Saint-Luc », l’historien en est réduit aux conjectures. Il faut certainement voir là une de ces intentions pieuses qui ont valu à d’innombrables lieux de la province de Québec des noms de saints. Dans certains cas, le choix de tel ou tel saint répond à des raisons qui nous sont connues. L’actuelle rue Saint-Norbert, par exemple, s’appelait autrefois « rue Forretier » ou « rue Saint-Pierre », du prénom de Pierre Forretier. On ne possède pour Côte Saint-Luc aucune indication analogue, mais il est permis de penser que, comme il était alors fréquent, celui qui baptisa, si l’on peut dire, l’endroit lui donna le nom de son saint patron.

La colonisation de l’île se fit progressivement, en partant de la rive du fleuve. Elle n’atteignit le Côteau St-Pierre qu’à la fin du XVIIe siècle. La première concession de terre sur le Côteau fut faite en 1687 à Pierre Hurtubise. Jusque vers 1700, la forêt et la prairie continuèrent à régner sur la Côte Saint-Luc et on n’y pratiqua guère que la chasse. La tradition affirme d’ailleurs que la Côte Saint-Luc était particulièrement giboyeuse.

Mais les habitants de Montréal n’avaient pas été sans remarquer la richesse du sol à la Côte Saint-Luc. Le défrichement y commença dès le début du XVIIIe siècle. Ainsi s’ouvrait l’ère agricole de Côte Saint-Luc, période qui devait durer près de deux siècles, puisqu’en 1900 la culture et l’élevage étaient encore les principales ressources de Côte Saint-Luc.

La colonisation progressa rapidement : cent ans après ses débuts, la Côte Saint-Luc était plus peuplée que le Côteau lui-même. M. Ciquard, prêtre de Saint-Sulpice, chargé de la visite paroissiale dans cette partie de l’île, dressa en 1818 une liste des familles qui est parvenue jusqu’à nous. Cette liste montre qu’il y avait alors 177 personnes vivant au Côteau St-Pierre, tandis que la population de la Côte Saint-Luc s’élevait à 209 personnes, dont 65 hommes, 61 femmes, 41 garçons et 42 filles.

Les chefs de familles étaient alors à la Côte Saint-Luc : Louis Urtubise, Joseph Urtubise, François-Xavier Goujon, François-de-Sales Goujon, Antoine Goujon le père, Antoine Goujon le fils, François Miler, Louis Valade, Laurent Lortie, Jean-Baptiste Desvoyaux dit Laframboise, Maurice Lagacé, Pierre Lemieux, Jean-Baptiste Pominville, Joseph Poirier, Jérémie Prud’homme, Charles Clocher, Jacques Parent, Joseph Monet, Antoine Monet, François d’Aoust, Michel St-Germain, Joseph Boileur et Pierre Serrurier.

Ce furent les habitants de la Côte Saint-Luc qui prirent en 1845 l’initiative de demander une chapelle. Ceux de la Côte des Neiges suivirent leur exemple en 1847 et c’est en 1849 que fut décidée la construction de l’église Notre-Dame-de-Grâce. Entretemps, les habitants de la Côte St-Luc avaient obtenu satisfaction. Leur chapelle, construite par les Sulpiciens, fut ouverte au culte en 1848.

Le 3 mai 1867, l’église Notre-Dame-de-Grâce, administrée jusque-là par les Sulpiciens qui l’avaient fait construire, fut érigée en paroisse autonome et remise au clergé séculier. La nouvelle paroisse comprenait aux termes de son décret d’érection, « la Côte St-Luc, la Côte St-Antoine, la Côte des Neiges à partir des limites sud-ouest et nord-ouest de la cité de Montréal et de plus le Côteau St-Pierre ».

Certains paroissiens que ne prisaient pas trop l’administration énergique du nouveau curé, regrettèrent le départ des Sulpiciens et le 21 juin 1880 ils signèrent une pétition demandant leur retour. M. Eustache Prud’homme, maire de Côte St-Luc fut le premier à la signer.

Cette requête demeura toutefois sans effet et le clergé séculier continua à administrer la paroisse de Notre-Dame-de-Grâce, ainsi que la chapelle de Côte St-Luc jusqu’au 29 septembre 1901, date à laquelle il fut remplacé par les Dominicains.

La municipalité de Côte St-Luc fut incorporée en Village le 1er juin 1903. L’érection en Ville date du 9 décembre 1951 (15/16 George VI. Ch. 98).

La Ville de Côte St-Luc est administrée par un maire assisté de six échevins. On trouvera plus loin la liste des maires qui se sont succédé depuis 1903. Le conseil municipal est élu pour deux ans. L’hôtel de ville est situé dans l’ancienne maison de M. Pierre Lemieux, qui fut maire de 1905 à 1909 et de 1912 à 1938.

La Ville de Côte St-Luc est une ville essentiellement résidentielle. Son système d’égouts, commencé en 1951 et terminé en 1953 est l’un des plus modernes en Amérique du Nord.

Il y a dans la Ville une école catholique (École Pie XI) et une école protestante (École Merton). Une chapelle est située dans l’école catholique.

Notons enfin que sur le territoire de la Ville de Côte Saint-Luc est située une très importante et ultra-moderne gare de triage du Chemin de Fer Pacifique Canadian.

Source: Extrait du Livre d’Or de la Ville de Côte Saint-Luc. Le Livre d’Or et les armoiries de la Ville de Côte Saint-Luc ont été créés et réalisés en 1955 par l’Institut d’art Héraldique Enrg., à la demande du conseil municipal.

Pour une histoire visuelle de Côte Saint-Luc, visitez la collection HistoryPin de la Société Historique de Côte Saint-Luc.